Aux premières lueurs adolescentes
Assis sur un rondin de chêne
J’attendais en ruminant d’impatience
Canne à pêche en main
J’observais ma ligne de vie
A son extrémité s’y trouve un plomb
Trempé d’acier et de regrets
Un fil si long, qu’un pêcheur d’expériences
L’aurai jugé lourd, sans but, ni fin
Je fixe le ciel pour l’écho d’une réponse
Rien au bout de ma ligne
Rien qu’une canne serrée
Qui me fait avancer
Encore, toujours plus loin
Loin de nos illusions
A croire qu’il faut aimer
A observer tous ces cercles sur l’eau
A imaginer saisir le poisson
Qui viendrait se nourrir
Sur l’appât de ma vie
En pêchant au hasard
On ouvre la rencontre
Le bouchon peut couler
Jusqu’à en être flou
Il revient en surface
C’était un faux ami...
Un poisson de passage
Qui voulait partager
Et faire son effet
Des poissons argentés
J’en ai souvent croisé
Ils ont construit ce que je suis
M’ont offert l’amitié
D’une éphémère saison
Je devais être assis
Sur un bois trop humide
Je change d’ustensile
Pour donner du volume à la fidélité
Avec force, aujourd’hui
Je sors mon épuisette
Elle permet de filtrer
La nourriture céleste
Qu’on appelle “Amitié”
Quelques gardons, encore ici, frétillent
Trop minces, ils ne peuvent sans pêcher
De former un petit banc vert
De nouveaux rivages
Moi...je reste là...
A essuyer mes larmes
Jamais d’amertumes pour ceux
Qui se sont évanouis
Je me souviens des les avoir aimé
J’ai traversé leur vie
Ils ont percé mon coeur
Cela reste logique quand on est un pêcheur
Alors, je choisis l’herbe fraîche
Je vais me reposer
Enfin avec l’amour
Plus fort que l’amitié
Qui maintenant m’entoure
Je n’avais pas compris
Qu’être pêcheur reste un art
De cultiver l’envie
Sans vouloir posséder
Je dois plier ma canne
Car, je suis épuisé
D’avoir tant réfléchi
Sur le reflet d’un lac
Où Narcisse se pencha
Il reste dans ma poche
Mes fidèles poissons
Qui ne profitent de rien
Et ne réclament rien
Des poissons pilotes
Qui véhiculent l’esprit
L’épuisette nous laisse l’unique qualité
Elle ne s’encombre plus d’être trop bien remplie
Elle n’avait pas saisi le plus beau des trophés
Elle n’écoutait pas assez
Elle croyait, elle savait ...
Elle aussi, je devrais la plier
Je dois vous dire merci
Avant de vous aimer
Deux biens meilleurs appâts
Notre sincérité
Notre fidélité
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